2011-02-18

L'usine Gaupillat et le patrimoine industriel


Le classement de patrimoine industriel n’est pas nouveau, comme en témoigne celui de la saline royale d’Arc-et-Senans. Construite entre 1775 et 1779 par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, la saline se distingue par la qualité de son architecture qui lui a valu dès 1926 un classement (par décret du 30 novembre 1926) au titre des monuments historiques et en 1983 une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Référence plus récente et aussi prestigieuse le Grand moulin de Pantin, classé en 2001 et rénové par la BNP.
 

Saline royale d'arc-et-Senans
 Le patrimoine industriel ne se distingue pas sur le plan législatif des autres patrimoines, il est traité selon les mêmes règles, et protégé via le classement des monuments historiques. En particulier, ce n’est pas parce qu’un bâtiment est une usine (une église, un château, un bureau, un pont, un immeuble) qu’il faut le conserver, mais bien parce qu’il possède des caractéristiques exceptionnelles.


Le Grand Moulin de Pantin
 
Et l’usine Gaupillat

L'usine Lu un style d'exception

1.     Au plan architectural, l’usine comporte les trois éléments d’une usine de la fin du 19em, un bâtiment administratif, le corps de l’usine sous une toiture à repens, et une cheminée. L’ensemble est fonctionnel, sobre et sans ornements inutiles. Il n’y a rien la qui mérite un classement. Surtout si on la compare à ce qui existe ailleurs.

2.     Au plan industriel, il s’agit d’une usine de façonnage et d’assemblage, et l’usine a perdu tous les équipements qui caractérisaient sa production, qui n’avaient par ailleurs rien d’exceptionnel dans la dernière phase de son activité (transformation des métaux). Elle ne peut donc servir pour témoigner d’un savoir faire industriel historique (comme par exemple les hauts fourneaux du Nord).

3.     Au plan de sa place dans la région, il s’agit d’une usine de faible importance, une centaine d’ouvriers, qui se perdait dans le vaste paysage industriel de la région parisienne, comme dans le paysage du bas-Meudon. Sa disparition ne gênerait personne dans le voisinage, et rares sont les habitants de la région qui en connaissent l’existence.

Au plan de la mémoire, l’usine n’est pas plus emblématique que ne l’est un banal immeuble haussmannien à Paris, ses voisines la verrerie et l’usine Renault avaient une autre importance, sans parler de Renault sur l’Ile Seguin en face


Faire de l’usine Gaupillat un emblème régional ne relève donc pas, de notre point de vue, d’une analyse patrimoniale économe.


Cartoucherie de Vincennes (une vraie cartoucherie), n'est pas classée
Cela ne veut pas dire qu’avec une réhabilitation soignée, au demeurant coûteuse vu l’état de l’usine, un bon architecte ne puisse pas produire un résultat intéressant, pour ceux que les usines attire. Le projet de La Fabrique en donne une idée. Mais seulement que ce projet ne mérite pas le support d’une protection par les Bâtiments de France. Et de fait, en 12 ans d’inoccupation, l’usine n’a pas été classée. La conservation de l’Usine Gaupillat n’aurait donc pu se faire que par des voies négociées impliquant :
-          L’achat de l’usine a ses propriétaires.
-          La renégociation avec la commune d’un plan local d’urbanisme.
-          Le financement de sa rénovation.
-          Le financement des activités du centre ainsi créé (voir les problèmes du 104 a Paris).
C’est ce qu’a tenté l’association La Fabrique depuis 6 ans, sans déboucher à ce jour sur aucun des points cités ci-dessus.

Lassés d’attendre, depuis 12 ans, un acheteur pour leur terrain, et pendant ce temps d’assumer les charges de l’entretien de l’usine, comme sa sécurité, l’indivision a décidé de la démolir. Elle a reçu le permis pour le faire.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire